Affichage des articles dont le libellé est AMP. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est AMP. Afficher tous les articles

dimanche 8 juin 2014

Méthodologie du DC2 pour les AMP

Bon, c'est sûr qu'en principe, les formateurs vous donnent tout ce dont vous avez besoin. Mais depuis peu, c'est une recherche récurrente sur ce blog, alors je vous la livre un peu.

Bon, le quotidien pour commencer, qu'est-ce que le quotidien ? "C'est un temps plus ou moins long qui se répète tous les jours".

Un temps clé ? C'est là que les choses deviennent intéressante parce que justement, elles sont spécifiques aux AMP. Une clé, c'est un truc qui ouvre une porte et le temps de mettre la clé dans la serrure, de tourner et d'ouvrir, et bien c'est très court. Et c'est précisément ce qui est demandé aux AMP que de bombarder des instants très courts avec des questions. Mais revenons aux temps clé.
La clé, c'est quelque chose qui ouvre ou mais qui ouvre sur quoi ? Sur la personne, son histoire, et la relation que vous avez avec elle. Généralement, il peut y avoir plusieurs temps clé dans la journée mais les plus courants dans les devoirs sont : l'Accueil; la toilette, le repas.

Prenons le repas :

Alors, comment se déroule un repas ? Je prendrais pour public des personnes porteuses de déficiences mentales légère pour un meilleur développement. 

Avant le repas, il faut se laver les mains, maman me l'a toujours dit ! Mais aussi, il faut mettre la table, faire la cuisine, préparer les médicaments, couper le pain, servir les brocs d'eau (parfois déboucher un bonne bouteille aussi *pop*) sortir les serviettes etc.

Les dimensions :

Et là, c'est la panique ! C'est quoi le culturel, le social, l'éducatif et l'affectif ? Bah généralement, ce sont des dimensions qui vont ensemble ou s'opposent, et c'est ce qu'il faut mettre en évidence. :)

Prenons pour exemple, les couverts. En France, on se sert de couteaux et de fourchettes, oui mais qu'en est il en Asie par exemple ? Et dans les pays où l'on mange avec les doigts rassemblé autour d'un seul et même plat ? Et oui, ça se complique d'un seul coup ;)

En Asie, la culture est de manger avec des baguettes et c'est ainsi que l'on est éduqué. Venir en France et utiliser des couverts est dépaysant, au début... Sauf que couper la viande est plus compliqué, la digérer par gros morceaux, n'en parlons même pas. Alors quand on va dans un resto asiatique et que l'on utilise des baguettes, celles là même qui nous transportent dans les souvenirs d'enfance où l'on avait les plats favoris que maman préparait, et bien rien que ces baguettes là, juste à ce moment, et bien c'est du bonheur, de la joie (dimension affective) et que cela nous donne envie d'en parler et de le partager (dimension sociale).

Alors pour en venir aux concepts, la dimension sociale, ce sont les discussion mais aussi les lois, ce qui se fait ou ne se fait pas, les règles qui nous permettent de vivre ensemble.

La dimension éducative, concerne les apprentissages, ce qu'il faut faire et comment le faire.

La dimension culturelle, c'est ce que nous avons appris à l'endroit où nous avons été élevé. (Moi c'est salade Niçoise, et toi c'est moules frittes par exemple).

La dimension afflictive, c'est simple, c'est "j'aime, j'aime pas".

Par exemple, j'aime manger avec les doigts, parce que c'est comme ça que j'ai été élevé dans mon pays d'origine. Sauf qu'en France, et bien il faut s'adapter... D'autres personnes à table peuvent ne pas aimer nous voir manger avec les doigts voire roter en fin de repas (ce qui est de la politesse dans certains pays).

Là on voit tout de suite que les choses se compliquent.

Et bien voila, c'est ça que l'on vous demande, faire émerger le problème et mettre des petites choses en pratique dans le quotidien des personnes accompagnées. 

Je vais donc prévoir une sortie dans un restaurant asiatique de temps en temps, je veillerai à ce que la personne coupe bien sa viande et finement (et oui, les asiatiques digèrent la viande moins bien que nos estomacs occidentaux). En me basant sur mes observations, je mettrai de petites choses en place. 

samedi 24 mai 2014

Aujourd'hui, je serai

J'ai été enfant, j'ai été malade, on m'a hurlé dessus, j'ai été battu, j'ai pissé au lit, j'ai été placé, j'ai été déplacé, j'ai été replacé, j'ai été émancipé à 13 ans, j'ai tenté de me suicider, et ça n'a pas marché, j'ai perdu les cheveux, je me suis drogué, j'ai fugué plusieurs fois, je me suis battu, j'ai été à l’hôpital, j'ai envoyé à l’hôpital, je me suis fais chopé par les flics, une fois pour vol et une autre pour trafic, mais j'en ai échappé. Je voulais faire Educ, puis j'ai fais de la musique.

Je me suis à nouveau drogué, j'ai dansé, j'ai pris des acids, de l'extasy, de la cocaïne, des champignons et de l’héroïne et je me suis envoyé tout ce qui passait. J'ai arrêté puis j'ai recommencé, j'ai vraiment sombré...

J'ai coupé tous les liens, je n'avais plus personne, je sombrais dans l'alcool avec pour traitement de la méthadone, deux ans ont passés, et les seules relations sociales que j'avais, c'était : "Une baguette s'il vous plait" en puant l'alcool à pleins nez.

Je suis tombé à genoux et j'ai prié.

Un jour après l'autre, je suis remonté, j'ai arrêté la méthadone, j'ai arrêté de fumer, je me suis mis à bosser, j'ai traversé un désert de deux ans, puis, je l'ai rencontré. Il s'appelait Pierre, un enfant Asperger, qui a sauvé qui, je ne saurais le dire. 

J'ai passé un diplôme d'AMP et aujourd'hui :

Je serai Educ


mercredi 20 novembre 2013

La pire de mes journées

Demain Mardi 6 août 2013. Je commence mon service à 7h, il est 4h30 et je n'arrive pas à dormir. J’appréhende la journée. Hier aux transmissions, j'ai appris que mon binôme - que je ne connais pas encore - partait faire une balade en bateau avec trois résidents toute la journée. 

Cela fait trois semaines que je suis en remplacement dans ce service, c'est un Foyer Occupationnel pour personnes avec des déficiences sensorielles et troubles associés. Dans le service, il y en a une vingtaine. 

Il est 7h, j'arrive au boulot, j'ai l'impression de me prendre les pieds dans les valises qui me tombent des yeux. Le temps de poser mes affaires et de me faire un café, j'arrive aux transmissions de l'équipe de nuit à 7h05. Les transmissions commencent, mon binôme n'est toujours pas là. 

7h20, je commence à monter pour les toilettes du premier étage. Je fais donc ma ronde habituelle, je réveille Cécile. Cécile est une jeune femme de 22 ans porteuse d'une cécité congénitale avec des troubles associés. Je la suppose porteuse de troubles autistiques voire une névrose +++. Je la réveille, elle est entièrement recouverte de sa couverture en cette matinée d'aout ensoleillé. Les rayons dardent sur les volets. Il doit bien faire 35% sans la chambre... Je l'appelle à nouveau afin de la réveiller, une poupée Barbie nue sort de dessous la couverture. Les professionnels du coin le savent bien, c'est une mauvaise journée qui commence lorsque ses premiers mots sont "ma poupée, elle n'a plus de robe !".

Note : La consigne de la psychologue était de ne pas l'aider à trouver de robe pour ses poupées. Si elle nous demandais, il nous fallait la conduire chez elle. Sauf qu'en ce mois d'août, et bien la psy était en vacances.

Là, je commence à être agacé ! Que dois-je faire ? Je suis seul, pas de psy, pas de binôme (du coup il me faudrait aussi faire le deuxième étage) , il me reste 45 mn environ pour les lever et les toilettes et je suis dans une situation qui pourrait s’aggraver. Je lui répond donc : "Nous allons voir s'il est possible d'en trouver une tout à l'heure. Je vous mes un peu de musique et vous vous levez pour aller vous doucher". Je prépare la salle de bains, Cécile y entre et commence à se doucher.

Je sors donc de la chambre pour réveiller les autres résidents. Le reste de la tournée se passe bien, ouf !

Comme à mon habitude, je retourne dans la chambre de Cécile pour l'aider à s'habiller. D'ordinaire, l'infirmière libérale passe pour lui mettre des gouttes dans les yeux (de verre). Sauf que ce jour là, et bien elle n'a pu se libérer donc pas de gouttes pour Cécile. Je la sens tendue, agacée et toutes les techniques auxquelles j'ai recours d'habitude pour la faire sourire ne fonctionne pas. Cécile s'énerve et veut impérativement que je lui trouve une robe pour sa poupée. Je cherche donc un élastique dans un panier et une chaussette dans son tiroir pour en confectionner une (c'est ce qui est fait d'ordinaire par les petites souries du service pendant que le chat n'est pas là, hi hi hi hi).

Il est 8h30, c'est l'heure de descendre pour le petit déjeuner. Le deuxième étage n'est pas fait, toujours pas de nouvelles de mon "binôme" qui est en retard visiblement... Je privilégie donc d'aller faire le service du petit déjeuner. En effet, en plus des résidents du premier étage du FO, il y a aussi ceux de tout le FAM qui fait parti de la même structure. Cela doit bien faire une trentaine de résident donc la plupart sont malvoyants voire aveugles. Je les accompagne donc un à un avec leur plateau afin de prendre le pain, bols, verre de jus d'orange, beurre, miel, confiture, café chocolat, yoghourt etc... pour les conduire ensuite à leur table.

9h30, j'ai presque fini, mon binôme arrive enfin, il est en retard pour sa sortie bateau et il me dit "Bon, juste pour que tu sache, quand l'un de nous est en retard l'autre fait les levers et toilettes de son étage"

Si je n'avais pas été chrétien, je lui aurais sûrement foutu mon point dans la gueule... WTF !

Il est vrai que vous ne savez pas encore en quoi consiste le service du mardi matin pour les professionnels du FO ! Je vous explique, vous allez comprendre ^^

Le mardi matin, c'est une journée continue de 7h à 15h30 sans pause... (disons que l'on prend les pause quand on peut mais là, j'ai pas pu...)

Le service s'articule ainsi : Lever, toilettes, petit déjeuner, change des draps (qu'il faut également descendre à la laverie) réfection des lits, à 10h collation pour le FO et le FAM (40 résidents). La collation, c'est juste un sirop de fruit ou une eau gélifiée (pour trois résidents). 11h, distribution du linge pour ceux qui sont autonomes et pour les autres, il faut monter dans les étages et les ranger dans les placards. 12h15, c'est le barbecue (en été) pour les 40 résidents qu'il faut servir. Manque de pot, ce jour là, les ASH n'était pas là pour m'aider en ce début de service (entée, plat, fromage, dessert et café). 

Je pense qu'avoir envie de foutre son poing dans la gueule du binôme est légitime en ce jour sachant que celui-ci va tranquillou faire une balade en bateau, arrive en retard et se fout de moi par dessus le marché.

[Mode respire ON] Inspiration, expiration [Mode respire OFF]

Il est vrai que j'accompagne des personnes qui ont besoin de moi, bon zigue, je fais contre mauvaise fortune bon cœur, et je fais mon travail.

Je vous passe un situation où Cécile est entré en crise au moment de la collation en courant après une autre résidente lui disant "Je suis désolé, pardonne moi, je t'en prie pardonne moi ou je te tue".......

Bref, une sale journée quoi ^^

Le pire de cette histoire, c'est quand j'ai récemment téléphoné au chef de service pour lui demander si je pouvais faire de nouveaux remplacements.Il m'a répondu que du fait que CE JOUR LA, je fus en difficulté avec Cécile, ils se passeraient de mes services dorénavant.

Non, mais il y en a, j'te jure....

vendredi 24 mai 2013

Diplômé

Et voila ! Je suis officiellement AMP depuis le 23/05/2013 et entrerai en fonction pour le mois de juillet (un remplacement). J'ai également passé le concours pour le DEME, réussis l'écrit et j’attends actuellement les résultats de l'oral.

Cela n'étais pas gagné d'avance car en fait, j'ai eu un 9/20 au DC5 en Janvier.. C'est donc avec cette épée Damoclès qu'il m'a fallu passer le DC1; 2; 4; 6... Une seule note en dessous de la moyenne et c'était perdu.

Mais que s'est il exactement passé pour mon DC5 alors que tous les examens blancs m'étaient favorables ?

Tout d'abord, le jury... fort peu sympathique, je n'ai pas eu le sentiment qu'ils "croyaient" en ce projet alors que j'ai bien mis deux mois entier pour le ficeler.

Le jury ne s'est pas présenté, je ne savais pas si la formatrice formait des AMP des ES etc... quant au professionnel, c'était une jeune fille (20 ans de moins que moi) qui était ES dans une structure qu'elle n'a pas non plus présenté.

Voulant orienter mes réponses en fonction du contexte professionnel de ce jury, j'entrepris alors de leur poser la question : Excusez moi, je n'ai pas saisi : vous travaillez où ?

La question fut très mal venue..

Bref, ça commençait plutôt mal.

Donc, c'est parti pour l'oral, 10mn d'exposé : Présentation succinct du contexte institutionnel, anamnèse de la personne, situation de la personne à l'entrée sur la structure, réévaluation de PP un an après, évaluation de la grille des besoins, des désirs de la personne, les moyen, la mise en œuvre et l'évaluation.


Je me souviens d'une présentation esses bien faite. Puis, nous en arrivons aux questions. Une avalanche de questions pour le moins incompréhensible. "Et si la personne n'a pas de désir" ou encore - et celle là c'est une perle : "L'observation c'est intrusif !", "Non mais franchement, moi votre projet, j'y crois pas..." avec un ton plutôt agressif...

Bah forcement, je suis un peu idiot, je me mes donc sur la défensive... je pose donc la question "pensez vous qu'il soit possible qu'une personne n'ait pas de désirs ?" puis j'ajoute "Même une personne qui fait un syndrome de glissement a un désir". Ce à quoi un jury pourrait conclure qu'en ce qui concerne la personne, ce que je cherche c'est son bien être et je suis prêt a le défendre en équipe ! Mais ce n'était pas ce genre de Jury là non.. ce jury là c'était le genre, "ici c'est nous qui posons des questions, pas vous"...

Je sors de la salle, pas vraiment content de moi et même avec la sensation de m'être fait avoir. Je me renseigne, toutes les personnes qui ont eu ce jury, ont eu les mêmes difficultés.

Bien la question qui se pose : Est-ce le jury qui fait l'AMP ?

Et bien j'ai eu des "retours" alors que j'ai pris connaissance de ma note : "Vous analysez trop", "le jury s'est senti privé de l'évaluation qu'il devait faire car il vous a senti déjà compétent", enfin, j'ai eu le droit à tout un florilège de C..... de ce genre. Si bien que je me suis demandé ce qu'il se passait réellement.

De mon point de vue, je pense que j'étais un peu trop sûr de moi, je me suis positionné sur la défensive, en opposition avec le jury... c'est d'ailleurs par ceci qu'il a justifié sa note...

Question : Pourquoi mettre un candidat sur la défensive et le lui reprocher ensuite ?

Bien parce que c'est le bon vouloir du jury... On est bien avancé avec ça^^ 

Donc si il y a une leçon que j'ai retenu, ce serait de reprendre à mon compte ce qui me semblait être des erreurs. "Si un jour j'en viens à penser qu'une personne n'a pas de désirs, il me serait peut être utile de me questionner, de voir ce que je n'ai pas fait, pas observé etc..."

Bon, voila, je me suis lâché, ça fait du bien, et je suis enfin diplômé malgré cela :)

lundi 20 mai 2013

"L'approche centrée sur la personne" de Carl Rogers.

 Ou la "technicité de l'empathie, du regard positif sur la personne et de la congruence".Il n'est bien évidement pas question de faire de nous des "psychologues" ou des "psychothérapeutes"... Toutefois, "la relation d'aide" de Carl Rogers fait parti du programme. Au vu de notre proximité et de toutes les qualités dont un AMP doit faire preuve, il peut être important de connaitre de quoi il en retourne dans les grandes lignes. Bonne écoute ;)
"L’approche centrée sur la personne est un courant majeur en psychologie clinique. Appelée à ses début dans les années 40 l’« approche non directive », son origine et ses principes expliqués au travers du récit de la vie de son fondateur, le grand psychologue Carl Rogers, précurseur également de la recherche sur l’efficacité des psychothérapies."




Prise de fonction d'AMP dans une résidence collective

Lorsque je suis entré sur mon deuxième lieu de stage, un autre AMP -qui d'ailleurs était aussi formateur de mon institut - est entré en même temps que moi. Rétroactivement, je me suis aperçu que nous ne sommes pas du tout entrés en poste avec le même positionnement.

Au tout début,  comme n'importe qui, j'avais des appréhensions ! Venant précédemment d'un stage en EHPAD, j'avais peur de ne pas parvenir à établir de relation avec les résidents, de ne pas savoir poser les limites nécessaires pour qu'ils me respectent et se respectent entre eux... De ne pas savoir gérer les conflits et la dynamique de groupe.

Dans un premier temps donc, je pensais que pour gagner leur confiance, il me fallait établir une relation. Connaître leur dossiers. Mais dans cette expérience, je me suis très vite heurté à un mur vu qu'il n'y avait pas beaucoup de sujet de conversation avec certains d'entre eux.

Alors que j’essayais péniblement d'établir une relation, l'autre AMP quant à elle s'engouffra dans la lingerie, pour les aider à faire leur lessives, dans leur chambre pour les stimuler à la toilette, au ménage etc...Ainsi, cet AMP gagna leur confiance plus rapidement. Le relationnel pu aussi s'établir plus efficacement en s'articulant sur le support de l'accompagnement lors d'un temps clé. Le support étant la lessive par exemple.

En langage technique, nous appelons cela "la tiers médiation". La médiation d'un accompagnement comme support à la relation. Il se trouve que cela fait parti de notre DF4 "Savoir utiliser le soin et les activités quotidiennes comme support à la relation et la relation comme aide à leur réalisation."

Un phrase qui est resté asses mystérieuse pour moi au moment de mon éval' sur le terrain du premier lieu de stage.

Faire ainsi, permet aussi de d'évaluer les aptitudes concrètement, mettant en évidence les difficultés rencontrées. Ainsi, la lecture des dossiers devient moins abstraite et théorique.

Donc, prise de fonction = Fiche de poste et direction quotidien et temps clé. ;)

mardi 4 décembre 2012

La place, de nos parents, grand parents en EHPAD

Évidemment tous les EHPAD ne sont pas à mettre dans le même sac mais il nous faut savoir qu'ils représentent le reflet de notre société actuelle : "Performante", individualiste, vorace, égoïste et sans pitié. Il est un diction qui dit que c'est aux prisons que l'on reconnait la qualité d'une société et bien moi je dis que c'est aux maison de retraite que nous voyons la qualité humaine qui est la leur.

Je viens de tomber sur un vidéo qui m'a coupé le souffle, fait monter les larmes aux yeux en écoutant une jeune fille de 16 ans oui oui, vous avez bien lu, 16 ans et toutes ses dents quant il s'agit d'en découdre avec cette injustice.

Alma Adilon-Lonardoni

Ici Alma a dis long, très long... espérons entendre d'autres voix s’élever ainsi !

Accrochez vous :



Il fait si bon vieillir... par MEMORIALCAEN

lundi 24 septembre 2012

La mort, le deuil et l'accompagnement.

Lors de ma formation, j'ai effectué mon premier stage dans un Établissement d'Hébergement pour Personnes Âgées et Dépendantes (EHPAD). Moi qui n'avait jusqu’alors accompagné qu'un jeune enfant TED (trouble envahissant de développement), j'avais alors beaucoup d'idées préconçues sur le métier et j’eus beaucoup de mal à trouver mon positionnement. Ce qui m’effrayait le plus et qui fut l'objet de ma soutenance était : "La distance professionnelle".

Serais-je trop distant ? Trop proche ? Comment allais-je m'en sortir avec cette histoire alors que mon travail est un travail dit de "proximité" et "d’accompagnement dans les actes de la vie quotidienne" ? Et la mort, le deuil, comment allais-je gérer cela ?

Lors de ce stage, il y avait une dame qui souffrait de "démence sénile". Je n'ai pas remarqué de troubles de la mémoire de type Alzheimer. C'est à dire qu'elle se souvenait très bien de moi, de mon prénom et qu'elle avait pris l'habitude que je l'accompagne et je l'ai fais durant toute la durée de mon stage. J'ai également fais plusieurs "études de situations" sur l'accompagnement effectué auprès d'elle. Je vous livre la première et des extraits des suivantes pour en arriver au vif du sujet : "Le deuil".

"Par soucis d’anonymat je donnerai à cette personne le pseudonyme de « Jeanne » afin de rester en conformité d’avec la loi du 2002-2 qui précise que « Toute donnée concernant l'usager doit rester confidentielle».
Je suis entré en contact avec Jeanne pour la première fois il y a quatre jours. Avec mon AMP référent, nous étions en train de réveiller les résidents aux alentours de 7h30 du matin. Entré dans sa chambre elle criait « au secours, au secours », je m’empressais auprès d’elle afin de savoir ce qui se passait, elle avait fait un cauchemar et semblait ne pas parvenir à dissocier le rêve de la réalité. Je la rassurais donc en lui disant « tout va bien ne vous inquiétez pas, ce n’était qu’un cauchemar, nous sommes là ».
Jeanne appartient au GIR 1 et toutes ses variables du groupe GIR sont dans le « C ». C'est-à-dire qu’elle souffre d’une perte d’autonomie totale : Elle ne fait ni spontanément, ni totalement, habituellement, ni correctement, les actes de la vie quotidienne tels que : La toilette, l’habillage l’alimentation l’élimination les transferts (se lever, se coucher, s'asseoir) les déplacements à l'intérieur et à l'extérieur. Elle éprouve également des difficultés pour communiquer à distance, elle a des moments d’incohérence et souffre d’une perte du sens de l’orientation. Elle est toutefois capable d’utiliser la sonnette d’alarme qui se trouve dans sa chambre.
Le médecin l’a diagnostiqué de « démence sénile » qui est « Un affaiblissement psychique progressif et global ». En effet il lui arrive d’avoir des hallucinations, de voir des souris qui dansent dans sa chambre, ou alors des éléphants d’Asie qui la traverse chevauché par des indous, ou encore de croire être dans un « bordel » ou un « repaire mafieux ». Il me semble à la vu du diagnostique et de mes observations, qu’elle est en « perte totale de repaires concrets ».
Elle communique bien verbalement mais il faut bien se rapprocher d’elle car de loin, l’expression verbale est inaudible. Elle communique aussi de façon non verbale avec des expressions du regard, des mimiques du visage et elle aime que nous lui prenions la main et le réclame spontanément asses souvent d’ailleurs.
Elle a de mauvais rapports avec la plupart personnel soignant et lorsque c’est le cas elle les injurie alors qu’ils lui font la toilette, lui donne à manger, la transporte au salon ou dans sa chambre etc… Il lui arrive aussi de vouloir –car au vu de son étant physique cela n’est pas possible- être violente physiquement et de tenter de frapper le personnel qui ne lui convient pas tout en l’insultant et lui reprochant de ne pas être suffisamment compétent.
Socialement elle est isolée et le peu de famille qui lui reste ne lui rend pas visite car « ils habitent trop loin » m’a-t-elle dit. Après la toilette et le petit déjeuné, elle passe sa matinée dans le salon devant le poste de télévision en compagnie des autres résidents. L’après midi elle reste seule dans sa chambre et n’a plus le désir de participer aux animations.
Je me suis souvent occupé d’elle ces derniers jours et j’ai réussis à avoir de bons rapports. C’est une personne qui a besoin de beaucoup d’écoute et elle a souvent besoin d’être rassurée. Par exemple, lors des repas elle croit toujours que nous lui mettons des médicaments dans les aliments à son insu, ou que des membres du personnel lui volent ses bijoux. Elle aime que nous soyons prévenant, que nous verbalisons ce que nous allons faire et que nous lui expliquons afin qu’elle soit collaboratrice des actions auxquelles nous l’assistons."
Étude N°2 (extrait)

"Elle a des pertes de mémoire, des absences, des hallucinations très fortes, hier, alors que je l'accompagnais au repas, elle se croyait attaquée par des gangsters tout droit sorti du poste de télévision qu’elle prenait pour une fenêtre. Elle trouvait que ma façon de taper à répétition ma cuillère à soupe dans l’assiette était une façon efficace d’appeler « police secours »."
On comprends aisément qu'il est très difficile d'accompagner cette personne tant la réalité lui apparaît comme faussée.

C'est pourtant avec cette personne que j'ai eu  le rapport le plus réel avec notre réalité ultime : "La mort". C'est alors que je l'accompagnais aux toilettes que "Jeanne" nous regardait un autre AMP et moi même tristement. Je voyais bien que quelque chose n'allait pas et j'eus le sentiment de savoir de quoi il était question. Je lui posais alors la question "quelque chose ne va pas Madame Jeanne ?" elle me répondit : "J'ai peur, j'ai peur, j'ai peur...". "De quoi avez vous peur" lui répondis-je ?" 

"J'ai peur de mourir..."

Elle était en larmes, et j'avoue que nous aussi nous l'étions intérieurement.  Heureusement, à ce moment du stage, j'avais pris de l’assurance et j'avais appris ce qu'il ne fallait pas dire. Toutefois, j'ignorais ce qu'il fallait dire. Pourtant c'est tout naturellement que ces mots sont sortis de ma bouche :

"Vous n'êtes pas seule, rassurez vous, nous ne vous abandonnerons pas, nous sommes avec vous, nous vous accompagnons". Loin de réduire le réalisme de la situation de cette dame, il fallait au contraire entrer en concordance avec celui-ci en ne minimisant rien mais en la soutenant.

Le soir même, alors que j'accompagnais "Jeanne" lors de son repas, elle riait, elle chantait à tue tête "Nam-myoho-renge-kyo, Nam-myoho-renge-kyo" en boucle. Il est question d'une prière bouddhiste. Bref, Jeanne était heureuse, libérée de la charge anxiogène de sa peur. 

***

Notre travail est d'accompagner les personnes dans le deuil d'elles même. Le deuil ? C'est "la perte de l'objet aimé" selon Freud. Cela peut être des clés de voitures,  la voiture, le boulot, le conjoint, voire une bouteille de bière maladroitement tombé de nos mains alors que nous n'en avions bu qu'une gorgée.

La première phase : Le choc, de déni.

"Ah [Bip], c'est pas possible, je n'y crois pas, ma bièèèèère" (et mes chaussures)

Deuxième phase:  la colère.


"Je suis vraiment un [bip] et toi ? T'as même pas été [bip] de rattraper cette [bip] de bière ?"

Troisième phase : La négociation.

"Bon tu crois qu'on peut aller en chercher une autre? Le magasin est encore ouvert ?"

Quatrième phase : L'acceptation.

"Bon, il est fermé, pfff, ok c'est pas grave."

Il fallait bien détendre un peu l'atmosphère avant de revenir à notre sujet difficile. Notre travail est d'amener les personnes à accepter le fait qu'elles vont mourir, Hé oui, je sais c'est pas drôle et on a tendance à freiner des quatre fers dans l'accompagnement de cette réalité. Mais si nous voulons faire notre travail au mieux, il nous faut accompagner ces personnes dans ce processus de deuil d'elles même et les conduire à l'acceptation qui en est la dernière phase.

Comment faire ? On ne peut pas aborder le sujet comme ça, il faut amener les personnes à nous en parler. Les personnes âgées savent très bien qu'elle vont mourir. Ce qu'il faut, c'est les mettre en confiance, les soutenir, avoir de l'empathie pour elles. Bref, il faut être authentique. Ahhh et la "distance professionnelle" me direz vous ? Et bien la "distance" ça vaut que dalle, ça n'existe pas, et si ça existe et bien on ne fait pas notre métier correctement. La seule chose qu'il nous faut faire, c'est prendre garde à notre "projections" et à nos "transfert". En parler en équipe permet de prendre de la distance, faire des écrits également, suggérer un "groupe de parole" à la direction qui pourrait figurer dans le "projet d'établissement" si il n'y figure pas déjà. 

Astuce : Pour accompagner les personnes dans le deuil? Leur poser des questions détournées : Avez vous bien dormi ? Avez vous fais des rêves ? Pourquoi n'arrivez vous pas à dormir ? A quoi pensez vous ? Voulez vous que nous en parlions ? 

En effet, la peur de la mort, se manifeste la plupart du temps, le soir et pendant la nuit. Faire attention aux transmissions de l'équipe de nuit et questionner.