vendredi 23 novembre 2012

La sexualité dans le domaine du handicap pour un croyant.

Bonjour a vous, J'ai récemment reçu des remarques intéressantes sur mon deuxième lieu de stage dans le champ du handicap. La question portait sur la compatibilité de ma foi d'avec l'accompagnement dans la sexualité de personnes adultes handicapées. J'ai bien évidement répondu que je ne voyais -en ce qui me concerne- aucun problème à accompagner des personnes déficientes ou psychotiques dans une sexualité régulée par des moyens de contraception. Toutefois il m'a tout de même fallu approfondir cette question plus avant et c'est ainsi que j'ai proposé cette question sur le forum de la cité catholique. L'épouse de Gyrovague m'a gentiment répondu en portant à ma connaissance les écrits de Jean Vanier.
 
J'ai donc commencé la lecture de "Homme et Femme Dieu les fit" et j'en ressors complètement bouleversé. J'y ai bien évidement trouvé des réponses mais aussi des pistes d'accompagnements bien plus poussées que je ne l'aurait imaginé. Notamment des réponses philosophiques et psychologique dans l'accompagnement de la sexualité. Certains d'entre eux se trouvent couronnés de succès et d'autres pas.
 
Il ressort de cette lecture que la contraception dans le domaine du handicap ne pose pas de problème pour un accompagnant chrétien et même l'homosexualité des résidents peut être accompagné ! Comme le précise Jean Vanier à la page 12 :
 
"Dans ce livre, il est question des relations entre hommes et femmes. J'ai choisi de ne pas aborder ce qui touche à l'orientation homosexuelle. Nous sommes tous frères et soeurs devant Dieu, mais l'orientation homosexuelle est quelque chose de différent. La personne doit être respectée dans sa différence et accompagnée comme tout un chacun pour devenir la plus humaine possible."
 
Quelles sont les réponses qui nous permettent d'admettre la contraception dans le domaine du handicap ?
 
Tout simplement que les personnes accompagnées doivent disposer d'un consentement éclairé sur la question des accompagnements qui leur sont propres (cf. Loi 2002-2). Le discours chrétien n'est pas différent ! C'est par un libre choix éclairé que nous accepterons ou pas le Christ à l'heure de la mort.
 
Nous ne pouvons pas demander aux personnes d'aller au delà de leur limites et il nous faut respecter et accompagner les limites des personnes.Les personnes souffrant de handicaps mentaux et de troubles associés ont pour la plupart fait une expérience douloureuse de la vie relationnelle étant enfant. Ces expériences peuvent également se prolonger vers l'âge adulte et renforcer la muraille qui les sépare d'une véritable vie sociale et/ou communautaire.
 
Pour comprendre la position de l'Église catholique en matière de contraception il nous faut premièrement nous poser des question philosophiques sur ce qu'est la vie. La vie, nous a produit, elle produit également tous le vivant. Nous sommes le prolongement de ce qui nous a précédé et cela remonte à l'aube des temps. C'est ici que nous pouvons considérer le caractère infiniment précieux et rare de ce que nous sommes. Nous avons une seule chance sur 39 millions que le bon spermatozoïde vienne féconder l'ovule et faire de nous ce que nous sommes. Si nous considérons cela au regard des 1 chance sur 39 millions de nos parents, grand parents etc... Combien y a-t-il au final de chance pour que vous existiez ? Les chances sont tellement infimes que cela fait de nous : Un miracle.
 
La vie nous a fait naître et la contraception barre la route à la vie. Il s'en suit des comportements désordonnés dans la vie relationnelle. Nous voulons de l'autre sexuellement mais pas comme si c'était une personne. Nous ne sommes pas prêt à assumer la responsabilité d'une naissance. Nous ne voulons tout simplement pas accueillir la vie de l'autre et qui nous a vu naître un jour. Nous prenons la vie comme un du et ne donnons rien en retour. Nous ne voulons que notre plaisir personnel. Nous jouissons contre nous même et notre nature profonde faite pour la vie relationnelle amoureuse dans toutes les dimensions de notre être. Sans quoi, l'autre devient un "moyen" de plaisir et n'est plus considéré comme une personne. Nous ne lui offrons pas l'entièreté de nous même et nous ne voulons pas de son entièreté. Pour approfondir cette question lire l'encyclique Humanae Vitae de Paul VI.Vous pourrez également lire le témoignage passionnant de Natalia Trouiller qui ne "coupe pas les cheveux en quatre".
 
Le Magistère de l'Église précise de plus que  : "Pour former un jugement équitable sur la responsabilité morale des sujets et pour orienter l'action pastorale, on tiendra compte de l'immaturité affective, de la force des habitudes contractées, de l'état d'angoisse ou des autres facteurs psychiques ou sociaux qui amoindrissent voire exténuent la culpabilité morale". (CEC 2352-2354)
 
Nous comprenons donc au final que les personnes handicapées souffrent de troubles relationnels. Qu'a cause de la contraception elles ne peuvent approfondir le mystère de l'amour et de l'accueil de la vie au sein de la relation de personne à personne. C'est ce que déclare Jean Vanier dans le livre cité plus haut à la page 214 et 215 :
 
"Beaucoup de parents sont inquiets (..) de la permissivité sexuelle qui s'est propagé dans certains pays. Je connais, dans certaines institutions, des équipes éducatives qui prétendent agir pour le bien être et la libération des personnes handicapées; croient, sans se poser de question, qu'il faut encourager les relation sexuelles sans discernement, donnant régulièrement des contraceptifs et prônant l'avortement en cas "d'accident" (L'accueil de la vie est elle vraiment un accident ?)."
 
Il n'est bien évidement pas question d'imposer à des personnes handicapés de ne pas prendre des contraceptifs. Mais allons nous jusqu'au bout de l'accompagnement des personnes en les leur imposants ? Ne peuvent-ils avoir la possibilité d'avoir une vie amoureuse relationnelle (qui contribue à leur libération, leur bien être) et être progressivement introduite sur la finalité de la sexualité ? Nous pourrions même aller jusqu'à sortir la loi 2002-2 qui stipule clairement que les personnes doivent avoir accès à l'information, Quelle doivent être bénéficiaire d'une "prise en charge ou accompagnement individualisé et de qualité, respectant un consentement éclairé."
 
 
En conclusion, nous ne pouvons pas demander aux personnes d'aller au delà des limites qui sont les leurs, toutefois notre travail éducatif ne doit pas s'arrêter ici. Il s'agit d'accompagner les personnes, dans leur vie de couple, de les informer sur la sexualité et l'accueil de la vie qui peut en découler. De remettre entre leur mains le libre choix éclairé de la contraception ou non.
 
A final, je ne vois donc pas de problème pour accompagner dans la vie relationnelle et sexuelle des personnes handicapées tout en étant catholique.
 
Ci-dessous, l'interview de Jean Vanier sur KTO : http://www.youtube.com/watch?v=yfw0QnGHtFs&feature=relmfu